Pour raconter cette affaire d'enlèvement
et de séquestration pendant de longues années, Atom
Egoyan n'a pas lésiné sur les moyens : le récit
est superbe, délicieusement complexe, entremêlant les
époques, multipliant les retours en arrière, jouant
des ellipses, exposant les différents points de vue, gardant
un certain mystère non pas sur l'identité du kidnappeur
mais sur ses intentions… et c'est là qu'est le problème.
L'organisation très méticuleuse et très savante
du récit finit par happer tout l'intérêt du
film, l'histoire en elle-même se délite, perd peu à
peu de sa force et lorsqu'approche le dénouement, avec un
regain d'action, les tenants et les aboutissants de l'enlèvement
(des enlèvements) se révèlent assez peu crédibles
et la vision de Rosario Dawson en robe rouge très kitsch
enfermée dans une camionnette, au lieu de nous arracher des
frissons d'horreur ou de compassion, peut déclencher quelques
sourires gênés…
C'est dommage, l'emballage était rutilant, le contenant est
décevant.