Les Misérables
dans les bidonvilles de Beyrouth… le Gavroche s'appelle ici
Zain, et il n'est pas drôle comme le Poulbot de l'écrivain,
ou fort peu. Il n'a pas de quoi être drôle, d'ailleurs.
Sa vie est un enfer, privé d'école, privé de
tendresse maternelle et paternelle, privé de plaisirs, toujours
à brinquebaler des trucs et des machins pour un épicier
qui loge la famille en échange. Logé, c'est vite dit,
sa "maison" est un taudis plein de trous, de fuites, d'odeurs,
de frères et sœurs entassés dans une promiscuité
insupportable. Et pourtant il supporte cette survie, grâce
à Sahar, sa toute petite grande sœur, qu'il aime et
protège. Bien sûr, parce que c'est un film, parce qu'il
faut une histoire dans cette cour des miracles probablement très
documentée et montrée in vivo, les malheurs s'amoncellent
sur Zain, même lorsqu'il croit avoir trouvé un espace
de douceur. La construction du récit est savante, toute en
flashbacks, spectaculaire, menant infailliblement le spectateur
au bord des larmes. Et d'ailleurs, vous n'y coupez pas, l'aspect
mélodramatique est envahissant, et si ce n'est pas le visage
triste et beau de Zain qui vous émeut, ce sera celui de Yonas,
comédien minuscule (pas de mention au générique
stipulant qu'il n'a été fait aucun mal au bébé
?) et donc complètement crédible.
C'est édifiant, révoltant, politiquement pas forcément
correct, mais très encadré, très dirigé
question émotions. Il y a de la puissance et de l'indignation
dans tout cela, mais assez peu de finesse et de délicatesse.
Ce n'était d'ailleurs sans doute pas nécessaire…
