L’histoire de l’inconnu
qui se fait passer pour un autre, qui fait croire qu’il est
bien l’enfant ayant disparu, ou un soldat parti à la
guerre (Martin Guerre), c’est du grand classique, rien de bien
nouveau… Ici, c’est un récidiviste, un type qui
en fait non pas son gagne-pain (il ne vise même pas les familles
riches), mais un remède à son manque d’amour,
une quête d’affection : un enfant perdu et retrouvé,
ça fait pleurer de bonheur, non ? L’intérêt
du scénario repose sur la famille sur laquelle il vient de
jeter son dévolu, une famille pour qui la disparition du petit
dernier est pleine de troubles… enfin, pas tant que ça,
et c’est bien là que réside le problème,
là où l’ambiguïté et le doute devraient
régner, on n’a droit qu’à la lourdeur des
regards et du jeu d’Ellen Barkin qui en fait des tonnes et même
plus.
La mise en scène, le découpage bien ordonné,
tout cela ronronne tranquillement jusqu’à ce que, tout
d’un coup, on annonce six années de plus. Trois minutes
plus tard, on peine à saisir pourquoi les personnages n’ont
pratiquement pas changé, et même pas du tout… mais
bon sang mais c’est bien sûr, on est revenu au déroulement
de l’action initiale. Ces sauts dans le temps sont renouvelés,
mais ces pseudo-audaces dans le fil du récit n’apportent
pas grand-chose, il n’y a pas de profondeur, pas de questionnement
véritable sur les motivations de l’imposteur. Le tout
est baigné par une musique New Age (Bruno Coulais) censée
donner une ambiance mystérieuse. Pour le côté
inquiétant du bayou, il vaut mieux aller voir du côté
du pourtant raté "Dans la brume électrique",
et pour ce qui est du secret de famille pas du tout assumé,
il y a pléthore de films bien plus convaincants que celui-ci.
Au final, le seul sujet original, celui du jeune adulte qui refuse
de quitter l’enfance et qui, pour cela, s’invente des
familles toutes prêtes à l’accueillir, ce sujet-là
n’est pas traité.