Le dispositif peut prêter à contestation, confrontant
des jeunes actrices non professionnelles totalement inconnues, incarnant
des personnages inspirés de témoignages recueillis dans
des bureaux de planning familial, à des actrices et acteurs
très (trop ?) connus jouant le rôle des infirmières,
assistantes sociales, psychologues, … globalement (mal) appelés
travailleurs sociaux. Ces derniers ayant surtout une position d’écoute,
on a parfois du mal à saisir si les sentiments que l’on
peut lire sur leurs visages sont effectivement feints ou réels,
puisque le choix du réalisateur était de ne faire se
rencontrer qu’au dernier moment les différents protagonistes
d’une scène.
Malgré ces réserves sur la démarche, et quelques
affèteries de la mise en scène qui paraissent déplacées,
l’ensemble est passionnant, émouvant, et même parfois
bouleversant : la prostituée bulgare de la dernière
séquence est tout simplement hypnotisante, crevant l’écran
littéralement.
Chacun y trouvera probablement un intérêt différent,
à choisir entre le côté documentaire (un peu flou)
à propos du fonctionnement d’un planning familial, les
différents récits de ces jeunes femmes qui en disent
long sur les rapports amoureux dans notre société, ou
bien encore la qualité dramatique des différentes scènes,
parfois tendues, parfois drôles, parfois étouffantes
et très perturbantes.
On ne ressort pas indemne de ce genre de film, et malgré le
sentiment mitigé que l’on peut avoir à propos
du choix des interprètes, c’est au final une œuvre
non-conformiste, posant une multitude de questions, audacieuse, profonde
même si elle ne peut pas prétendre à une vision
exhaustive du traitement social des ces jeunes femmes en détresse.