Annoncé comme une petite
merveille sous distribuée, ce film brésilien va à
l'encontre des idées reçues sur le pays de la samba
et du football. C'est une sorte de récit choral qui met en
scène plusieurs habitants de la même rue de Recife,
loin des favelas mais pas non plus dans un quartier de privilégiés.
Il est assez étonnant d'apprendre que le réalisateur
vit dans cette rue, que son appartement a même servi de décor,
tant le manque de chaleur et d'empathie pour les personnages est
criant. Si ses voisins ont vu le film, il n'a plus qu'à déménager…
On peut imaginer qu'il se voit lui-même dans la peau de l'homme
chargé de faire visiter des appartements (?), ayant une liaison
éphémère et semblant un peu au-dessus de la
mesquinerie ambiante. Tous les autres personnages ne sont montrés
qu'au travers de leurs frustrations, déceptions, petits mensonges,
addictions et autres réjouissances inhérentes à
une humanité bien grisâtre. Tout cela est fort bien
agencé, monté au cordeau, parsemé d'étrangetés
inquiétantes, il y a de quoi déprimer pendant quelques
jours. Bien sûr, il ne se passe pas grand-chose et le scénario
aurait pu laisser ses personnages se morfondre dans ce vague ennui,
éclairé parfois par des micro évènements
déroutants. L'irruption d'hommes appartenant à une
société de surveillance apporte de la nouveauté,
et l'on se dit qu'une véritable intrigue pourrait en découler.
C'est à moitié le cas.
On en sort avec un sentiment amer, quelque chose d'inachevé,
comme si le réalisateur avait particulièrement soigné
la mise en place du décor d'une action qui ne se développe
jamais.