Brooklyn Village

Ira Sachs

L'histoire

Une famille de Manhattan hérite d'une maison à Brooklyn, dont le rez-de-chaussée est occupé par la boutique de Leonor, une couturière latino-américaine.

Avec

Theo Taplitz, Michael Barbieri, Greg Kinnear, Jennifer Ehle, Alfred Molina, Talia Balsam

Sorti

le 21 septembre 2016


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Délicatesse discrète

 

Lorsque deux jeunes adolescents se trouvent des tas de points communs pendant que leurs parents s'affrontent pour un problème de montant d'un loyer, il est possible de parler des méfaits de la gentrification sur l'amitié. Mais ne voir en ce film qu'une dénonciation, certes subtile, des dégâts collatéraux occasionnés par la ségrégation sociale, serait le réduire à un seul de ses aspects, qui n'en est finalement que le décor, le contexte. Le réalisateur parle ici d'une amitié adolescente mise à mal par le monde des adultes qui intervient de façon brutale, bien qu'en partie en son corps défendant, contre la possibilité que cette relation amicale puisse se développer. Les raisons en sont principalement économiques mais le film a l'intelligence de ne pas montrer les choses idéologiquement, la "victime" de l'affaire, la locataire menacée d'expulsion est autant enferrée dans son raisonnement personnel que les propriétaires. A l'une l'Humanité et aux autres la logique financière ? Ce serait trop simple. Les propriétaires sont aussi des parents aimants et compréhensifs et d'une certaine façon acculés dans une situation qui les dépasse. La locataire qui ne peut pas supporter la hausse de son loyer ne se donne pas véritablement les moyens de résister, sa radicalité la condamne. Du coup, les adultes étant renvoyés dos à dos, le récit donne plus d'espace et d'importance aux deux jeunes, à tout ce qui fait le sel de la naissance d'une relation, aux petits bonheurs comme aux grands, à tout ce qui fait que la vie est soudain plus agréable à supporter, malgré la rudesse (relative, il n'y a pas de misère) de la société qui les entoure. Ira Sachs, homosexuel déclaré et dont les deux derniers films parlaient de relations amoureuses entre hommes, pourrait ici évoquer une relation plus qu'amicale entre les deux garçons, il faut vraiment chercher entre les images quelque chose qui y ressemble. C'est très subtil, comme une possibilité mais rien n'est montré ouvertement. Tout le film possède cette délicatesse, cette façon d'effleurer des sujets annexes pour au bout du compte laisser un goût nostalgique et mélancolique d'une période bénie, celle où le bienêtre est là mais on ne le sait pas. Le charme est discret, le fil du récit est ténu, il est possible de ne pas le saisir et de rester en dehors, sans être touché.

 

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