Il y a quelque chose de détraqué
dans le royaume d'Angleterre, des brisures, ou des fêlures,
ou des fractures dans les foyers…
C'est au bout d'une impasse dans un quartier résidentiel,
ni zonard, ni franchement cossu, qu'habitent trois familles. Trois
maisons différentes, trois façons de vivre ensemble
de communiquer, trois histoires qui s'entrechoquent, terribles ou
banales, sombres ou lumineuses, tout dépend des points de
vue, tout dépend aussi des évènements à
venir.
La mise en scène, elliptique, élégante, délicate,
expose ces vies, éclaire les personnages, donne des éléments
pour comprendre, mais sans juger. D'abord, il ne se passe pas énormément
de choses, mais les images, les sons, les transitions font qu'on
peut se retrouver hypnotisé très rapidement…
Alors lorsque le récit s'accélère et que le
drame collectif se noue, on risque l'implosion, les émotions
se succèdent et même lorsqu'on pourrait se dire, c'est
un peu "too much", on est suspendu aux évènements,
l'ensemble joue sur les sens, en met plein les yeux et les oreilles,
peut-être avec quelques facilités mais qu'importe,
ce "Broken" laisse le spectateur hagard, cherchant son
souffle, exténué mais heureux d'avoir vécu
un beau, un très beau moment de cinéma.