C'est un jeune homme étrange,
qui l'est de moins en moins (étrange). Il semble anachronique
dans sa propre vie, comme s'il venait de naître et ne parvenait
pas à s'habituer à son existence. Cependant tout semble
aller de mieux en mieux, et alors qu'il découvre les innombrables
plaisirs de la vie, minuscules ou intenses, un autre récit
le montre enfant et là, c'est tout le contraire, on sent (on
le sait mais ce de l'ordre du ressenti aussi) que son évolution
débouchera sur un drame, qui le fera basculer dans l'horreur,
tant est si bien qu'il perdra son identité, pour ne plus être
nommé que par un matricule, Boy A.
De ce film anglais qui aborde avec finesse le contexte social des
personnages, comme dans beaucoup de productions britanniques, on retient
ce double récit dont les rouages semblent subtilement parallèles,
et l'étonnant magnétisme de l'acteur principal (Andrew
Garfield), pas tout à fait sympathique, mais pas détestable
non plus, comme un gendre idéal à qui il manquerait
un petit quelque chose d'essentiel.
Ce qui est légèrement lourd (si l'on ose dire), c'est
la façon dont sont posées les questions sur la culpabilité,
l'idée de la deuxième chance, la difficulté de
la société à gérer la réinsertion
de ceux qui ont purgé leur peine... Tous ces thèmes
sont exposés parfois comme pour un film-dossier, comme pour
ouvrir un débat : l'aspect plus créatif et poétique
disparaît alors et l'on peut se sentir piégé,
au coeur d'une problématique dont on a bien peu de clés.