Borgo, film carcéral ?
Certes la prison est le décor principal du récit et
le réalisateur a voulu rendre compte de la réalité
d'un centre pénitentiaire avec le plus de justesse possible,
mais le fil conducteur, c'est bien le cheminement du personnage
principal, Mélissa, jouée avec beaucoup de subtilité
par Hafsia Herzi. Un cheminement qui suit l'évolution des
conditions des prisonniers, évoluant d'abord avec beaucoup
d'aisance dans leurs quartiers, en "milieu ouvert", puis
en confinement strict, sans visites ni activités. Mélissa
passe aussi d'une certaine liberté, dans son travail, dans
son couple, avec son entourage, à un enfermement, à
une privation de son libre choix dans ses faits et gestes. L'engrenage
dans lequel elle tombe est finement décrit, on sent l'hésitation
au début, la peur de ne plus rien maîtriser, puis la
glissade. Elle n'est pourtant pas un personnage faible, elle sait
se faire respecter, elle sait s'adapter aux situations, mais face
aux mafieux, il n'y a rien à faire : on est piégé
quoiqu'il arrive. La mise en scène au cordeau décrit
toutes les tensions qui se mettent en place, c'est implacable. La
seule respiration vient de l'humour qui transpire de l'interprétation
du flic joué par Michel Fau, un personnage bougon qui cherche
à esquiver les emmerdements et apporte de la rondeur à
un film qui joue avec les aspérités et les fausses
douceurs.
