Au cœur de cette histoire,
il y a un bon gros secret de famille, à dépiauter
comme une énigme, et qui, en attendant de se faire dénouer,
pourrit la vie bien comme il faut. L'aspect thriller de la résolution
fait passer au second plan tout le côté psychanalytique.
Il est d'ailleurs assez révélateur que le psy de service
jette l'éponge, par manque d'informations "parle à
ton père, on verra après…", un peu simpliste,
non ?
La mise en scène ne relève pas le niveau, sans rythme,
sans ruptures de tons, sans relief. Les scènes d'hystérie
ou juste de colère sont filmées de la même façon
que toutes les autres, champ, contre-champ, plans larges, plans
resserrés, aucun parti pris, aucune imagination dans le montage,
dans le cadre. Le récit est très démonstratif,
le flash-back du début est plutôt inutile, et ceux
qui montrent le passé sont assez tartignoles.
Reste l'interprétation. Laurent Lafitte montre enfin au cinéma
qu'il est un comédien fin et émouvant, Mélanie
Laurent même si elle ne surprend pas, tient son personnage
jusqu'au bout, de façon crédible. Et Audrey Dana…
elle pourrait n'être qu'une potiche, un personnage qui observe
et ne prend part à l'action que de façon détournée,
elle est tout simplement formidable, jouant de ses regards, de son
ironie, de sa franchise assumée. Heureusement que tous ces
acteurs font le boulot, et déclenchent des émotions,
parfois incontrôlables (la gorge se noue, la voix chevrote
en sortant du cinéma), rattrapant la médiocrité
de la réalisation.