La naissance d’un couple,
et sa déliquescence, c’est beau comme du cinéma…
Oui, mais pas seulement. Les deux acteurs jouent les personnages à
six ans d’intervalle, et il n’y a pas que le maquillage
qui fait croire à ce saut dans le temps. Les voix, les attitudes,
les façons de marcher, les sourires, tout chez les deux comédiens
donne du sens et de la crédibilité aux deux périodes.
Lorsqu’ils se rencontrent, ils ont la grâce des amoureux,
la légèreté, l’insouciance puis la gravité,
ils sont beaux tous les deux (enfin, surtout elle… mais je ne
suis qu’un homme), leurs premiers pas sont autant de petits
bonheurs. On en a déjà vu, des rencontres amoureuses,
mais quand c’est filmé et joué ainsi, c’est
de l’émotion, peut-être facile, mais réelle.
Lorsqu’ils se séparent, lorsque le désamour s’installe,
que les brisures prennent un caractère définitif, il
n’y a bien sûr plus de légèreté,
tout est devenu pesant, silencieux ou cassant et ça fait mal…
C’est douloureux de voir ce déchirement parce que les
deux périodes ne sont pas montrées l’une après
l’autre, mais au contraire elles sont juxtaposées, se
répondent (parfois de façon un peu trop systématique),
s’éclairent parfois, l’une avec l’autre.
La mise en scène privilégie les gros plans sur les visages,
la caméra traque les expressions, les regards, donnant par
instants une impression d’étouffement, on ne quitte presque
jamais le couple…
Même si le thème se prête à un flot d’émotions
attendues, le bonheur et la douleur opèrent alternativement,
et tout cela n’a beau être que du cinéma, on en
ressort touché…