Ce héros alcoolique, déchu,
traînant sa carcasse, c'est un peu Bogart, en beaucoup moins
classe malheureusement. Cet homme qui se cache, coupable ou pas
(le réalisateur le sait-il lui même ?), c'est un peu
Harry Lime dans "Le troisième homme", sans l'aura
de mystère malheureusement aussi. Cette femme peu bavarde,
triste à mourir, dont on ne parvient pas à comprendre
ce qu'elle pense, ni qui elle aime, ni de qui elle est aimée,
c'est un peu…le résumé du film : glauque, sombre,
et souvent incompréhensible. Peut-être y a-t-il quelque
part une version "pour les Nuls" où les ellipses
seraient comblées, qui m'aurait sans doute mieux convenu.
Dans ce qui est montré à l'écran, il est possible
d'y voir quelques belles images cafardeuses, des esquisses de personnages-clichés,
des éléments étranges et perturbants (un cheval
dans un hôpital, un salon de coiffure vaste comme une piste
de danse, une patinoire où personne ne s'amuse, un feu d'artifice
diurne,…) mais aussi une telle absence de clarté dans
le récit que le spectateur risque de décrocher et
de laisser les personnages se débrouiller seuls dans cette
ambiance grise (même la neige n'est pas vraiment blanche).
Rajoutez à cela quelques scènes choc, violentes gratuitement,
une musique emphatique et parfois envahissante, des acteurs sans
grâce et qui ont tendance à tous se ressembler, vous
obtenez le film parfait pour être encensé par les critiques
et dont on sort avec l'envie d'aller voir la dernière sous-bouse
américaine où tout est bien expliqué du début
à la fin.
