Pascale Ferran fait le pari de
la longueur sur un récit extrêmement léger.
Il s'ensuit une adhésion quasi hypnotique à ses images,
ou bien un ennui profond : il peut être en effet bien difficile
de se laisser emporter par ce que certains considèrent comme
un vide intersidéral… Mais d'autres peuvent aussi être
séduits par cette ambiance étonnante, tout en apesanteur,
en pesanteur diront ceux qui s'ennuient.
Il y a quelque chose à voir avec "les ailes du désir",
de Wim Wenders. Comment ne pas y penser lorsque la caméra
suit les voyageurs au tout début du film et que l'on entend
leurs pensées ? Et puis, plus tard, lorsque le scénario
s'échappe de la rationalité, on se retrouve à
nouveau du côté des anges observateurs de notre quotidien,
avec un aspect ludique et un peu narquois qu'il n'y avait pas dans
le chef d'œuvre de Wenders.
Tout cela dure un peu plus de deux heures, et même si le charme
étrange a opéré, c'est tout de même bien
long. Un court métrage aurait suffi ? Pas tout à fait
sûr qu'alors, le basculement dans l'irréel soit une
telle surprise. Mais l'ensemble aurait mérité des
accélérations et des coupures de quelques scènes
redondantes.
Si l'on se laisse prendre, le film propose plusieurs pistes d'interprétation,
qui ont à voir avec la solitude moderne au milieu des foules,
le basculement des vies et les éléments qui les déclenchent,
l'impression que l'on peut avoir de ne jamais être tout à
fait là, toutes choses impalpables qui ne peuvent se dire
dans un récit classique. D'où le tour hallucinant
que prend la fin de l'histoire…