Le problème n'est pas
de savoir si l'idée de faire un remake du film mythique "la
piscine" était bonne ou non… Le souci majeur vient
de l'interprétation des acteurs choisis en fonction de leurs
personnages. Matthias Schoenaerts dans le rôle que tenait
Alain Delon, l'homme au physique avantageux (pour ne pas dire plus,
n'est-ce pas celles et ceux qui aiment les hommes ?) mais au caractère
un peu effacé, est parfait, impeccablement musclé,
avec la douceur mensongère qu'on attend de lui. Dakota Johnson,
en Jane Birkin, a plus d'atouts physiques que sa devancière,
et devrait, selon le personnage qu'on lui a confié, naviguer
entre une fausse innocence et une séduction ravageuse, faire
l'adolescente carnassière ambiguë, et là c'est
un peu raté : elle est très décorative mais
n'apporte pas suffisamment de trouble. Ralph Fiennes se débat
avec l'outrance tapageuse et très agaçante inhérente
à l'ancien amant qui débarque, Maurice Ronet dans
le film de Jacques Deray. Il en fait des tonnes, et plus encore
: il est insupportable, sans nuances. Mais la plus mauvaise idée,
c'est Tilda Swinton en Romy Schneider. On a voulu faire de Marianne
une star de la chanson en villégiature, se remettant d'une
opération à la gorge et donc interdite de parole.
C'est ridicule, rien ne tient. Elle aussi en fait des tonnes pour
s'exprimer avec les mains et les regards : cela devient très
rapidement d'une lourdeur gênante. Elle ne rentre jamais dans
le personnage, trop éloigné d'elle, pas suffisamment
belle, ne jouant pas le charisme indispensable pour que l'on puisse
croire à son statut de femme célèbre et adulée.
Les allusions aux réfugiés (plus que des allusions,
d'ailleurs) qui débarquent sur l'île mais qui restent
des éléments du décor, des aléas possibles
du récit, sont assez douteuses.
On peut donc aisément se passer de cette copie pas vraiment
pâle, mais plutôt bariolée sans finesse.