Les bienheureux

Ce n’est pas Marseille, même si ça y ressemble... c’est Alger, ville blanche, ville déchue, ville en souffrance. Les personnages auxquels s’attache le récit sont issus d’une classe aisée, médecin, professeur, étudiants... ce sont des micro événements qui sont décrits, des discussions qui montrent la difficulté d’exister, de communiquer, mais aussi les joies de se retrouver, de partager, comme dans n’importe quelle société. Cela pourrait se passer en Europe, pour une partie des scènes et des problématiques abordées, le conflit des générations, le temps qui passe, l’amour qui s’étiole, les premiers flirts... Et puis le contexte social, religieux, politique de la ville d’Alger en ce début de vingt-et-unième siècle finit par tout envahir, il parasite les relations, il crée des tensions, la vie est compliquée parce qu’il y a des interdits, des ostracismes, des regards malveillants. La réalisatrice prend son temps pour raconter tout cela, elle laisse durer les scènes que l’on sent parfois improvisées, le rythme s’en ressent, il y a des répétitions et des longueurs mais globalement, le film reste intéressant de bout en bout, distillant un sentiment d’amertume, des regrets, des nostalgies, et au final une grande tristesse, malgré les quelques instants de bonheur, les petits éclats de lumière.