C'est une pure idée de
cinéma, qui fait penser au formidable Camille
redouble de Noémie Lvovsky, et dont Lubitsch aurait
probablement fait, à peu près au milieu du siècle
précédent, une épatante comédie douce
amère. Mais Sophie Fillières ne semble pas tout à
fait croire à son sujet et aux personnages, à l'aberration
pourtant tout à fait pleine de potentialités de la
situation : une femme se rencontre elle-même, avec vingt-cinq
ans de moins. Et vice-versa, avec vingt-cinq ans de plus, du coup.
La plus âgée tente de se donner des conseils pour ne
pas refaire les mêmes erreurs, la plus jeune ne peut pas croire
ce qu'elle est devenue. La plus âgée rencontre un ex
pendant que la plus jeune commence une histoire avec ce futur ex.
Etc. Les possibilités sont infinies, on en entrevoit quelques
unes, mais le manque de rythme, la laideur des images, l'inconstance
du récit ne font jamais prendre la sauce. Pourtant, Kiberlain
et Agathe Bonitzer sont réjouissantes, à se tourner
autour avec un air mi-effaré, mi-blasé. Mais rien
n'y fait, les petites drôleries ne sauvent pas le film qui
reste au ras de l'idée de départ, sans jamais décoller.