Présenté comme la
description de la relation d’un grand-père et de sa petite
fille, le film est d’abord un portrait, en douceurs, en flous
et en coups de serpe, d’une jeune fille qui se cherche, pleine
de doutes et de contradictions. On apprend peu à peu des éléments
factuels de sa vie, mais l’essentiel est ailleurs, dans son
regard buté ou clair et interrogateur, dans sa démarche,
à la fois aérienne, légère comme celle
d’un ange, mais aussi terrienne, sans détours. Même
sa façon de nager reflète cette ambivalence : on dirait
parfois qu’elle danse dans l’eau et à d’autres
moments ses gestes sont comme des coups… Ce sont aussi ses silences
plus que ses mots qui la déterminent. Au final, on ne sait
sans doute pas très bien qui elle est, ce qu’elle pense
vraiment et ce qu’elle va devenir, mais on comprend ses doutes,
ses sautes d’humeur, sa façon d’esquiver les relations
humaines. En face d’elle, quelques amoureux sans consistance
qui font paraître encore plus grand le personnage du grand-père,
joué par un Michel Piccoli impressionnant… À bout
de souffle dans ses escaliers puis d’une puissance indestructible
sur un sentier de montagne, il impose son mystère, son ombre,
face à la jeune fille. Il n’est absolument pas le grand-père
rêvé, celui auprès duquel on peut se réfugier
et se sentir protégé. La jeune fille l’évite,
ou se heurte à lui ; il y a parfois contraste entre ces deux-là
mais aussi une ressemblance : il y a beaucoup de sensibilité
dans la façon de les montrer, de les opposer. La dernière
scène les réunissant pourrait verser dans le pathos,
céder à la tentation du tragique mais le réalisateur
réussit à émouvoir avec très peu d’effets.
Film sans véritable histoire, plus une confrontation de personnages
qu’un récit construit, c’est une œuvre qui
ne se donne pas tout de suite, dans laquelle on rentre peu à
peu mais qui finit par faire entendre sa petite musique singulière.