Poppy rigole tout le temps mais
elle n’est pas toujours drôle, elle peut même être
carrément pénible, avec son rire nerveux, sa dérision
constante, son incapacité à entendre les choses graves.
Ses rencontres et les relations qu’elle noue sont contrastées,
mais il y a tout de même une constante : elle ne prend jamais
quoi que ce soit au sérieux, ni elle-même, ni les autres.
Ainsi, lorsqu’elle se fait voler sa bicyclette, elle déplore
de ne pas lui avoir dit bonne chance dans sa nouvelle vie, ce qui
en fait quelqu’un d’éminemment sympathique : impossible
d’en vouloir à une personne aussi peu attachée
aux objets. Mais elle est aussi terriblement légère
dans sa façon d’ignorer la solitude désespérée
de son moniteur d’auto-école. Aussi, lorsque celui-ci
explose enfin et lui dit ses quatre vérités, on ne peut
qu’être avec lui, malgré sa lourdeur et sa rigidité.
Sally Hawkins joue à merveille cette jeune personne extraordinairement
insouciante ; la mise en scène, fluide et colorée, est
en accord parfait avec cette légèreté, à
la limite parfois de l’inconsistance. Une étrangeté
dans l’œuvre de Mike Leigh, plutôt sombre et pessimiste.