Le couple formé par Céline
et Jesse, on le connaît depuis…dix-huit ans, leur première
rencontre datant de 1995. C'est le troisième volet, ou plutôt
le troisième instantané de leur histoire d'amour,
ou faudrait-il dire histoire de couple ? Toujours aussi bavard,
donnant la part belle aux dialogues qui coulent de source, sauf
que… y a-t-il vraiment des gens qui peuvent parler aussi bien,
aligner les arguments de façon aussi convaincante, être
d'une vérité absolue, s'engueuler et puis se réconcilier
(ou pas) ? Dans la vraie vie, ça n'existe pas, ou bien c'est
juste du jeu, un concours de rhétorique… Mais qu'importe,
c'est du cinéma, les personnages ont fini par être
attachants, ils ont vieilli, ont pris des rides et un peu de gras
dans le ventre ou dans les fesses depuis "Before
sunset". Alors on fait semblant d'y croire, comme si c'était
du théâtre et que tout devait être amplifié
et condensé pour tenir en une heure et demie…
Avant qu'ils ne se retrouvent seuls sur le chemin puis dans la chambre
d'hôtel, Céline et Jesse évoquent leur passé,
et les deux films précédents sont résumés
en une phrase, ils se sont rencontrés puis se sont perdus
de vue, ils se sont retrouvés pas vraiment par hasard et
sont tombés amoureux l'un de l'autre. On imagine que dans
un quatrième opus, dans quelques années, ce "Before
Midnight" tiendra en quelques mots, l'été où
ils ont failli se quitter, ou bien l'été où
ils se sont séparés, ou bien encore l'été
où la rupture a commencé… Ce qui est frappant,
c'est l'importance des mots dans l'instant. On a l'impression qu'ils
sont d'une grande profondeur, qu'ils vont rester gravés dans
les mémoires, et au final, ne restent que les conséquences
qu'ils ont engendrées. Cela est à la fois troublant
et pas tout à fait crédible. C'est un hommage au charme
des mots, ce qu'ils déclenchent, ce pourquoi ils sortent
de la bouche de ceux qui les profèrent, mais il manque les
non-dits, les regards, les balbutiements, les silences (trop rares),
tout ce qui pourrait donner aux échanges de l'épaisseur
et de la sincérité. Cela reste donc un bel exercice
intellectuel, une prise de tête au soleil qui n'évite
pas les clichés inhérents au couple, un long, très
long dialogue un peu vain d'où ne pointe que trop rarement
l'émotion.