Pour une fois que c'est le contraire…
Un jeune avec une vieille ! C'est un peu vite dit, la vieille, car
c'est tout de même Fanny Ardant ! J'en connais qui ne s'attacheraient
pas à l'âge, dans le cas de Madame Ardant…
Le récit est basé principalement sur la relation entre
une retraitée contre son gré et un presque quarantenaire,
et la réaction (tardive) du mari trompé et des quelques
adhérents du club pour troisième âge où
se rencontrent les deux tourtereaux. Le film est parsemé
de très jolies choses, on retrouve avec plaisir la façon
de filmer de Marion Vernoux, n'hésitant pas à digresser,
à s'attacher à un second rôle, pour revenir
au couple vedette. Fanny Ardant compose un personnage de femme à
qui on ne la fait pas, mais qui se laisse emporter par l'intérêt
qu'on lui porte, ce n'est pas elle qui déclenche, mais elle
ne subit pas non plus. Elle est complexe et très simple à
la fois, complètement crédible et n'endossant aucun
cliché de femme de son âge. Laurent Lafitte, en revanche,
en Don Juan de ville de bord de mer, les aligne (les clichés)
comme des petits pains. Des SMS en langage de jeune aux fringues
informes, en passant par l'apéro chips et les midinettes
qu'il fréquente, tout y passe… Pourtant, en homme célibataire
sans enfants et quelque peu amer sur sa situation, il y avait sans
doute un peu plus de subtilité à chercher. La description
de la relation en pâtit, les premiers moments ont beaucoup
de charme, les derniers forcent l'émotion, mais entre les
deux, ça patine, ça s'enlise… Mais l'ensemble
est tout à fait recommandable, malgré un petit manque
d'ambition sur ce que tout cela aborde, l'amour, le temps qui passe,
le couple, le désir, le regard sur son passé, la délicatesse
des mots…