Juliette Binoche est ici resplendissante,
piquante, drôle, émouvante, lumineuse, passant d'une
émotion à l'autre avec beaucoup de naturel. C'est
un festival ! Ses partenaires, essentiellement masculins, ne sont
pas en reste, de Xavier Beauvois en ignoble macho à Depardieu
en voyant un peu psychologue… Le film s'organise autour des
rencontres d'une quinquagénaire, amoureuses ou autres, et
tout sonne plutôt juste. Chaque scène est l'occasion
de débattre du couple, de le jouer, d'en jouer, de tenter
de le construire un peu, de le détruire beaucoup. Il n'y
a d'ailleurs pratiquement pas de séquences à plus
de deux personnages. Cette succession de duels, plus ou moins agressifs,
plus ou moins tendres, produit-elle un récit ? Rien n'est
moins sûr. L'évolution du personnage joué par
Binoche n'est pas évidente, et l'ordre des scènes,
bien que chronologique, pourrait être bouleversé sans
que le sens de ce qui est dit ne change beaucoup. Le film au final
ressemble à un exercice de style, une variation en Binoche
majeure sur l'amour et ses échecs retentissants, ses légers
plaisirs, son accoutumance, l'envie irrépressible d'y replonger
malgré tout ce qui fait du mal.