Laetitia et Vincent, vous les
rencontrez dans la vraie vie, vous les trouvez insupportables au
bout de trois minutes. Et lorsqu'ils sont face à face, c'est
encore pire. Mention spéciale aux deux acteurs, Laetitia
Dosch et Vincent Macaigne, d'un naturel confondant, carrément
troublant.
Dramatiques et drôles, leur histoire et leurs histoires ont
de quoi faire hurler ! D'abord de terreur, tellement ils vont mal
et parviennent à nous faire ressentir leur mal être,
et parce que des casse-pieds pareils, on en a tous rencontrés
et qu'on voudrait ne jamais les revoir (ou alors très peu).
Pour ce qui concerne la vision du couple, ce qu'il a pu être,
ce qu'il est devenu, ce qu'il pourrait être encore, on frôle
l'horreur pure… Alors imaginer que ces deux-là sont
parents, c'est au-delà de tout ! (il n'est pas indiqué,
à la fin du film, qu'aucun enfant n'a été torturé…
c'est tout de même très, très rare au cinéma
de voir des pleurs de gamins aussi réalistes… ;-) )
Du cri d'horreur ou de désespoir, on passe très vite,
parfois dans la même scène, dans la même minute,
à l'éclat de rire, et ce pour les mêmes raisons
que celles qui font mal. Exactement comme on peut se scandaliser
dans la vraie vie parce que l'on observe des aberrations dans certaines
relations humaines et puis finalement c'est le rire qui l'emporte
devant tant de mauvaise foi, d'agressivité gratuite, de malentendus
qu'on ne veut pas dissiper. Le film montre tout cela et accomplit
la prouesse de présenter cette méga engueulade le
6 mai 2012, jour de l'élection de Hollande, avec un tournage
en grande partie devant le siège du PS rue de Solférino…
Nostalgie assurée (même avec si peu de recul) mais
aussi beaucoup d'acidité, la vision de la journée
est loin d'être toute rose, ça grince aux entournures,
ça démythifie l'événement, ça
humanise l'emphase…
Et puis, parce qu'un jeu de massacre sans rémission serait
finalement assez vain, les acteurs et la réalisatrice parviennent
à émouvoir, à rendre les deux personnages attachants
malgré leurs égos. Ça n'est pas un grand film,
mais pas si petit que ça…