Bataille à Seattle

Stuart Townsend

L'histoire

En 1999, de gigantesques manifestations se sont opposées à la tenue de la conférence de l'OMC à Seattle. Jamais l'opposition n'avait été aussi forte et aussi violente...
Bataille à Seattle nous plonge au coeur de ces événements à travers le point de vue de plusieurs personnes, manifestants, policiers, délégués de l'OMC, médecins.

Avec

Charlize Theron, Andre Benjamin, Martin Henderson, Woody Harrelson, Ray Liotta, Michelle Rodriguez, Joshua Jackson, Jennifer Carpenter

Sorti

le 7 mai 2008

La fiche allociné

 

 

 

La critique d'al 1

Télescopage gênant

Il n’y a que des bonnes intentions.
Dénoncer à la fois les méfaits mondiaux de l’OMC et le manque de transparence médiatique autour de la mondialisation libérale du commerce ; passionner le spectateur avec un récit choral mettant aux prises avec les événements réels une dizaine de personnages fictifs, flirtant avec la tragédie, osant aussi le mélodrame américain pur jus ; donner du rythme au récit, y apporter du suspense, frôler le thriller…
Mais toutes ces envies se télescopent, s’annihilent les unes les autres. Les discours pédagogiques sur la libéralisation du commerce mondial et sur les dangers de cette course à l’argent au détriment de l’humain ralentissent l’action, qui elle même, lorsqu’elle prend le dessus, noie les messages politiques et les rend décoratifs. De la même façon, chaque personnage représente une branche du mouvement anti-libéral, de la pasionaria enflammée au flic qui commence seulement à se poser des questions, en passant par le militant romantique ne sachant pas très bien contre qui il se bat : les tenants de la mondialisation ou ceux qu’il tient pour responsables de la mort de son frère… Tous ces personnages traînent avec eux leur histoire personnelle, mélodramatique, qui ne fonctionne absolument pas avec ce qu’ils représentent politiquement : il y a quelques refus de clichés tellement énormes qu’ils en deviennent irréels. On se croirait parfois dans une très mauvaise copie d’Inarritu, avec en plus une dimension politique un peu naïve. Au final, le personnage qui émeut le plus est celui qui apparaît comme exempt de pathos : le représentant de Médecins sans frontières, venu défendre l’idée que les médicaments essentiels ne doivent pas être des objets de commerce, est montré sans allusions à sa famille, ou à ses amis ou à n’importe quel autre élément de sa vie personnelle. Lorsqu’il comprend que personne ne l’écoute, que son discours ne peut être entendu parce que toute l’attention est portée aux manifestants, sa colère est révélatrice du malaise créé par le mélange de la réalité et de la fiction : cette femme bon chic bon genre qui perd son enfant quatre mois avant d’accoucher a tout pour être émouvante, mais on ne peut s’empêcher de comparer sa détresse (évidente et pas contestable) avec les millions de morts dus au fait qu’ils ne peuvent pas bénéficier de soins trop coûteux… Il est aussi gênant que le réalisateur ne fasse pas de distinction entre les différents combats pour la planète : la survie des tortues est certes capitale, mais la malnutrition en Afrique ou ailleurs n’est-elle pas plus urgente à traiter ?

 

 

 

 

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