Les Banshees sont des divinités
celtes, pas tout à fait des sorcières, mais elles
annoncent la mort et il faut bien dire que le titre n'est pas un
mensonge, le film n'est pas une comédie. C'est juste une
histoire sombre d'amitié entre deux personnages qui se brise,
comme ça, d'un seul coup, parce que l'un trouve soudain que
l'autre l'ennuie. Cela pourrait être du Beckett, avec un postulat
de départ un peu abstrait et un récit qui exploite
jusqu'à la corde cette situation qui a tout d'une impasse.
Malgré quelques personnages secondaires attachants (la sœur,
une vraie perle) ou glaçants (la sorcière, le flic…),
une heure et demie dans une impasse, c'est lassant, d'autant plus
que l'humour est particulièrement rare. Le réalisateur
semble hésiter constamment entre une (trop) belle reconstitution
d'une île irlandaise dans les années 20 (joli décors,
éclairages soignés, costumes drôlement propres)
et un aspect théâtral, irréel, conceptuel :
le son par exemple n'aide absolument pas à percevoir une
ambiance quelconque : tout est feutré, que ce soit en bord
de falaise avec les vagues qui se brisent en bas et en silence,
ou dans le pub, où les figurants boivent dans un calme incongru.
Tous les acteurs sont plutôt formidables, ils expriment toutes
sortes de sentiments avec presque rien, un froncement de sourcil
ou un léger rictus. Mais ils ne sont ici que les instruments
luxueux d'un conte certes élégant mais froid et sans
âme, qui ne parvient jamais à émouvoir.