Tiens, un film choral français
! Oui, choral, on peut dire cela, avec sa dizaine de personnages,
entre onze et soixante-dix ans, et les choses de la vie, l’amour,
la maladie, le manque, les couples, le bonheur, la recherche du bonheur
et aussi quand il arrive alors que ça n’est pas le moment.
Par habitude, par manque d’ambition, par peur de la profondeur,
les films français de ce type (bon, on dit chorals ou choraux
? les deux ! mais "choraux" est tout de même signalé
comme rare) versent souvent dans la facilité, dans les clichés,
dans la quête du bon mot, du gag qu’on pourra replacer
dans la bande-annonce, du label "bon pour le prime time sur les
chaînes à grand public"… Ce baiser papillon
n’évite pas tous ces écueils, il y a des clichés,
des glissades pour éviter de se confronter à la noirceur,
mais c’est tout de même une jolie surprise. Les acteurs
ont visiblement du plaisir à jouer des personnages n’existant
pas que sur une seule idée. Il y a une véritable écriture,
une réflexion allant au-delà de ce qu’il est donné
de voir. Du coup, même si on ne peut pas parler de réelle
profondeur parce que tout n’a pas la même force, on en
ressort avec l’impression d’avoir vu des scènes
qui ressemblent à la vie. Certaines sont émouvantes,
et même très émouvantes, avec sans doute un peu
de pathos, des regards terribles, du sentiment, du grand sentiment…
Mais ça marche, on pleure, on rit, on re-pleure, et finalement
ce sont les situations et la façon dont les personnages les
vivent qui apportent le plus d’émotions.
Malgré le côté très "parisien"
(oui, mais qu’est-ce que cette ville est belle, et ici bien
plus vivante que dans l'encaustiqué "Minuit à Paris"…),
malgré un secret révélé dont on se serait
bien passé parce qu’il n’apporte rien, on peut
être séduit par ce "choral" dont la mise en
scène met en valeur les dissonances comme les harmonies.