Elle est sapée toujours
pareil, Ana, un short trop grand et un vieux tee-shirt. Elle fait
parfois n'importe quoi, Ana, avec ses amis et même le plus
proche, avec son boulot, avec son ex qui lui a fait si mal, avec
tout ce qui l'entoure... Ah non, elle ne fait pas n'importe quoi
avec Odette. Enfin, presque. C'est une drôle de relation,
entre ces deux-là. Sans doute la petite fille serait capable
de renverser une montagne pour sa grand-mère, même
si la montagne a des allures d'une simple douche à installer
(enfin, pas si simple que ça, la douche).
Elle ne dirige pas sa vie, Ana. Elle obéit à ses pulsions,
quitte à se rétracter, parfois. Elle va de l'avant
tout de même, et si c'est en crabe, et si c'est en repassant
par un chemin déjà emprunté, et si c'est en
s'appuyant sur des poteaux mouvants, elle progresse, elle est capable
de tout et de presque rien. Elle bouleverse sans qu'on l'ait vue
venir, cette émotion toute simple. Elle est délicate
et lourde, forte et fragile, elle ne fait rien comme tout le monde
et pourtant tout le monde peut s'y retrouver. Elle n'est pas extravagante,
on ne se retourne pas dans la rue pour la voir passer et pourtant
elle marque les esprits…
C'est une petite chronique un peu mélancolique, un peu joyeuse
aussi (comme la vie) qui raconte ce que peut faire une fille qui
retourne dans la ville où elle a grandi, quelques jours,
quelques mois. C'est plein de douceur(s) et de petites claques (oui,
des grandes aussi) exposées avec suffisamment de singularité
pour en oublier finalement comment tout cela est filmé.
C'est parfois difficile de dire vraiment pourquoi on a aimé
un film. Celui-là, il m'a touché. Et c'est ainsi.
Il pourrait bien en émouvoir quelques autres.