Avant l’aube *

Raphaël Jacoulot

L'histoire

Frédéric, un jeune en réinsertion, travaille dans un grand hôtel à la montagne. Un client disparaît. Frédéric suspecte la famille qui l'emploie mais choisit de protéger son patron, cet homme qui le fascine.

Avec

Jean-Pierre Bacri, Vincent Rottiers, Ludmila Mikaël, Sylvie Testud, Céline Sallette, Xavier Robic

Sorti

le 2 mars 2011

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Chabrolien !

 

 

C’est l’histoire d’un affrontement, d’une fascination, d’une alliance contre nature. Le duo-duel entre Bacri et Rottiers semble être d’abord le reflet d’un conflit de classes sociales, avec d’un côté une famille bourgeoise dont le père, malgré la réussite financière, vit son existence comme une déception, face à un jeune homme qui malgré la prison passée, son statut inférieur, son manque de culture et d’éducation, apparaît comme beaucoup plus libre. Le drame qui les unit sans qu’ils le veuillent, les fait dépasser tous les deux cette opposition trop simple : il y a alors quelque chose qui ressemble à une relation filiale, mais pas seulement. L’un protège l’autre en ne le dénonçant pas, la nouvelle relation qui en découle pourrait être caricaturale, le bourgeois et le maître-chanteur, mais c’est beaucoup plus complexe que cela. Il y a une réelle estime, et leur façon à tous les deux de défendre l’autre au sein de leur propre réseau social montre qu’il ne s’agit pas seulement d’y chercher un intérêt matériel. L’ambiguïté est maintenue une bonne partie du film, et plus d’une fois on se croit dans une intrigue à la Chabrol, tout en mouvance et en faux-semblants. La dernière partie, avec l’arrivée d’une inspectrice de police (Sylvie Testud, roublarde et faussement joviale comme l’inspecteur Lavardin), fait se lézarder cet équilibre précaire. Le film prend une direction à la fois plus légère (on est dans l’enquête proprement dite, et le côté ludique ressurgit) et plus dramatiquement convenue (les positions de chacun se radicalisent). Il n’empêche, l’ensemble est une réussite, ressemblant à un très bon Chabrol.

 

 

Vos commentaires pour ce film

Vincent Rottiers que j’avais remarqué dans « à l’origine » m’avait fascinée dans « je suis heureux que ma mère soit vivante », ici il prouve une fois de plus qu’il est un garçon particulier à qui l’on doit confier des rôles particuliers, sans doute peu de jeunes hommes actuellement dans le cinéma seraient capables de nous faire partager des silences aussi explicites… Car il s’agit aussi dans ce film de relations humaines avec leurs phrases tueuses, en particulier entre le fils et le père joué admirablement par Bacri mais aussi pleines de non-dits et des silences avec des regards... [mon dieu les regards de Vincent Rottiers valent le déplacement à eux seuls !] Je pense que c’est la force du réalisateur de ce film, il a choisi 2 acteurs merveilleux qui savent nous en dire autant par leurs silences et a su mettre en scène les relations qui unissent tous ses personnages en rendant aussi riches les paroles, les actes que les silences. J’insiste sur « ses » personnages car chacun a un rôle fort : bien que Bacri et Rottiers soient omniprésents même absents à l’image , les autres personnages, en particulier les 4 femmes, la mère, la belle-fille, la petite amie et la fliquette ont toutes une présence, un texte et un rôle très bien ciselés.

Isabelle M, le 15 mars 2011

 

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