Un continent en deux parties
dissemblables, la première a le goût de la rencontre
amoureuse d'une très jolie délicatesse entre deux
êtres qui se cherchent, elle est assoiffée d'amour
et fait exulter son corps sans retenue, lui est tout en réserve
et en esquives, la façon dont ces deux-là se trouvent,
se reconnaissent, se séduisent sans le vouloir, c'est doux,
tendre, drôle, lumineux, émouvant, Déborah François
et Paul Hamy sont formidables en personnages perdus entre le lunaire
et le terrien, et dans cette douceur l'on perçoit des fêlures,
des inquiétudes, comme quelques grains de sable qui empêcheraient
le monde de tourner tout à fait sereinement.
Et vient la deuxième partie, qui effleure d'abord le grave
puis l'embrasse, l'étreint jusqu'à l'étouffement.
Le sombre, le désespoir, la tristesse et ses excès
ne parviennent pas complètement à gommer la légèreté
du début, il reste toujours de la lumière mais le
doux prend une sacrée dose d'aigreur. Ce qui se passe est
assez terrible, et parce que le récit s'assombrit et patine
parfois dans le mélo, la forme aussi perd de son aspect ours
en peluche de soie.
Au final, on ne sait ce qui restera, la grande beauté de
l'amour ou ses écroulements, ses réparations, la douce
mélancolie qui s'en dégage malgré tout…
Quoiqu'il en soit, Romain Cogitore séduit avec ce film (mais
attention, ne pas confondre avec Clément Cogitore, son frère).
La musique de Mathieu Lamboley donne une couleur à l'ensemble,
on pourrait l'écouter en boucle, les larmes pas très
loin.