Est-ce bon signe
de penser, pendant la projection, qu'une fois rentré chez soi,
on cherchera à se renseigner sur les deux personnages principaux
du film, en l'occurrence le professeur Jean-Martin Charcot et l'une
de ses patientes atteinte d'hystérie, Augustine… ?
Le récit présente un docteur qui a les traits de Vincent
Lindon, sa voix, sa démarche… à aucun moment on
ne croit qu'il puisse s'agir d'une personne ayant vécu au dix-neuvième
siècle. On apprend fort peu de choses, ni sur ses méthodes,
ni sur les raisons qui le poussent à travailler sur l'hystérie.
Et d'ailleurs, travaille-t-il vraiment, ou se contente-t-il d'organiser
des spectacles (des "leçons publiques") qui lui permettront
d'asseoir sa célébrité et de toucher des subventions
? La réalisatrice qui est aussi scénariste le filme
constamment mâchoires serrées, parlant peu, un bloc fermé,
semblant dépourvu d'humanité.
Augustine est un peu mieux traitée, plus en nuances, bien qu'on
ne sache pas depuis combien de temps ses crises d'hystérie
sont apparues. Sa relation avec le docteur n'est qu'attente, attente
d'être guérie et plus si affinités. Ce qu'elle
obtient finalement est plus de l'ordre de la bestialité que
d'un sentiment quelconque. Pourquoi cède-t-il, on peut s'en
douter en voyant avec quelle froideur la relation conjugale est vécue
par le professeur. Au passage, Chiara Mastroianni, dans le rôle
de l'épouse déçue et enfermée dans les
conventions (et aussi dans ses robes lacées serrées)
est un peu sacrifiée, terriblement schématique.
Pédagogiquement parlant, c'est absolument raté, on n'apprend
rien et le peu qu'on en ressort est probablement faux. Du point de
vue de la relation fantasmée ou réelle entre le médecin
et sa patiente, cela n'a aucun intérêt et peut se résumer
de façon très triviale : la belle malade, à force
de se trémousser lors de ses crises, excite le professeur qui
résiste (un peu) puis passe à l'acte.
On pourra éventuellement admirer la lumière, les décors
très étudiés, l'ambiance sombre, beaucoup plus
romantico-gothique que fantastique, au contraire de ce qu'on a pu
lire ici ou là.
Déception donc, qui a au moins un mérite : Vincent Lindon
peut être (presque) mauvais, il n'est donc pas un surhomme.
Ouf.