Selon son humeur du moment et/ou
sa propre acceptation du paranormal, ce dernier film du vieux Clint
(on se dit toujours, vu son grand âge, que ce sera le dernier)
pourra fasciner et émouvoir au plus haut point, ou bien exaspérer
et provoquer le rejet. Dans la salle, à l’issue de la
projection, certains restent prostrés sur leur fauteuil, atteints
profondément, tandis que d’autres sont partis sans attendre
la fin, non sans avoir ricané à certaines scènes
qui en faisaient pleurer d’autres…
Voir le vieux cow-boy ronchon et conservateur s’intéresser
à l’au-delà et faire semblant de nous faire croire
aux pouvoirs d’un médium, cela n’a rien d’étonnant.
On sentait en effet dans quelques-unes de ses œuvres ("Minuit
dans le jardin du bien et du mal", par exemple), l’expression
de quelques doutes sur la rationalité de l’existence.
Et puis, la mort est tellement présente dans tous ses films
qu’il n’est absolument pas surprenant que le réalisateur
de "Million Dollar Baby" veuille se soucier de l’après-trépas.
Son talent de narrateur brille intensément, tout à fait
intact. Les trois histoires racontées en parallèle se
rejoignent in fine, parfaitement claires et très prenantes,
malgré les clichés, facilités, et autres approximations,
très visibles dans celle qui concerne la journaliste parisienne,
jouée par Cécile de France, mais on imagine qu’un
londonien en dirait autant de tous les passages situés en Angleterre.
Les parcours des trois personnages principaux sont plutôt émouvants,
et même si tout cela ne brille pas d’une grande finesse
ou d’une exquise légèreté (mais ce n’est
pas ce qu’on attend d’Eastwood, n’est-ce pas ?),
on peut se laisser prendre par ce récit aux allures de conte,
irréaliste, cruel et merveilleux, comme tous les contes…