Il y a l'histoire que raconte
le film, et il y a l'histoire du film et de sa diffusion, qui en
rajoute dans le pessimisme que l'on peut nourrir en sortant de la
projection. L'auteur du livre est algérien, et a pris comme
pseudonyme les deux prénoms de sa femme, ce qui n'est pas
banal dans un pays arabe… Le réalisateur, également
co-adaptateur du roman pour le cinéma, est libanais, et a
décidé de tourner certaines scènes en Israël,
avec des acteurs israéliens. On y entend l'arabe et l'hébreu…
Tout est donc réuni pour un rapprochement des peuples, une
ouverture de tous les côtés ?
Sauf que… le "bureau de boycottage d'Israël"
a fait interdire le film dans 22 pays de la ligue arabe, dont le
Liban… Alors que jamais on n'a vu d'œuvre cinématographique
approcher d'aussi près, sans les condamner, les intentions
d'une kamikaze. Mais au final, le film doit déranger trop
de monde, il pose un nombre de questions incalculable et il ne répond
à aucune, ou presque. Ce n'est même pas qu'il renvoie
chacun dos à dos, la réalité est beaucoup plus
complexe, elle fait s'emmêler la politique, la religion et
les relations au sein d'un couple d'une manière tellement
nouée qu'on en sort avec l'impression que tout cela est inextricable,
qu'il y a trop de tenants et d'aboutissants, d'histoires et d'Histoire,
pour que la paix puisse un jour régner. Le magnifique discours
que l'on entend au début, plein d'espoir et de tolérance,
est battu en brèche par la suite, et les images finales sont
accablantes. Il n'y a donc aucune tentation hollywoodienne en forme
de happy-end, ou même simplement le quart du commencement
d'une lueur d'apaisement… L'avenir est sombre, la haine est
partout, le ressentiment est le sentiment dominant chez l'Homme.
Il y a sans doute du vrai là-dedans…