A trois, c'est mieux ? La morale
de l'histoire, puisque malheureusement, il y en a une, tente de
donner une réponse, qui en mécontentera certains,
et en décevra d'autres. Depuis "Jules et Jim",
on sait de toutes façons que l'amour à trois peut
finir mal, et nombreux sont ceux qui ont essayé, sur le sujet,
d'autres variations… à priori, il n'y a que trois solutions,
mais quand les mensonges rentrent en jeu, en plus de l'ambiguïté
du désir et des sentiments, les possibilités sont
infinies.
Jérôme Bonnel est d'habitude plutôt fin quand
il s'agit de traiter des doutes en amour, des hésitations,
des prises de décisions allant à l'encontre de la
raison, des revirements et autres divagations de l'âme. Ici,
il semble chercher pendant toute la durée du film une voie
possible entre la gravité des sentiments, tendance mélancolie
de l'impossible, et la légèreté des situations,
tendance comédie de boulevard. L'un et l'autre fonctionnent
à peu près, séparément. Mais l'alliance
des deux nuit au récit, la lourdeur de certaines déclarations
vient éteindre le feu follet de l'inconscience de la jeunesse,
et la mécanique comique des mensonges et des évènements
qui en découlent ôte parfois toute possibilité
d'émotion face aux errances des trois personnages.
Dommage, ils étaient charmants, tous les trois. Et puis l'affiche
était vraiment jolie. Et une certaine robe d'Anaïs Demoustier
aussi. Et les quelques scènes au tribunal ou dans les coulisses
des prétoires (l'une des deux actrices joue une jeune avocate)
donnaient lieu à quelques réjouissances, acides ou
amères...