L’intérêt du
film est purement archéologique. Et encore, pour une portion
réduite de spectateurs ayant déjà été
fascinés par l’un des rares films de Andersson. Celui-ci
est son tout premier, produit en 1970, un temps que les moins de vingt
ans ne peuvent pas connaître… Cela peut être étrange
de constater que le réalisateur a filmé, au moins une
fois, une histoire entière, linéaire, avec (presque)
un début et (plus ou moins) une fin. L’amateur averti
de l’œuvre du cinéaste suédois observera
que tout jeune déjà il aimait les longs plans séquences,
la dérision sombre, le sordide au cœur des situations
les plus banales. On sera tout de ravi pour lui qu’il ait abandonné
les récits "classiques" comme celui-ci pour fabriquer
des films originaux, furieusement créatifs, drôlement
mélancoliques, comme "Chansons du deuxième étage",
ou "Nous
les vivants"...
On peut être en effet consterné par cette histoire d’amour
très fleur bleue, d’une sensualité parfois troublante,
mais tout de même très mesurée, émergeant
d’un océan de médiocrité voulue. L’art
d’ériger le côté blafard des choses en moyen
d’expression des plus forts n’était pas, en 1970,
suffisamment affirmé, et ce film n’a définitivement
qu’un intérêt mineur.