Peut-on faire abstraction du
roman, de la première adaptation au cinéma, datant
de 1969, de la romancière qui est aussi le personnage principal,
puisque le livre est autobiographique… ? Peut-on faire comme
si tout cela n'était qu'une histoire parmi d'autres, l'histoire
d'une femme prise dans le tourbillon de sa propre vie, prostituée
par nécessité, hors-la-loi par désir de liberté,
écrivaine malgré tout, amoureuse par passion…
?
Le film est élégant, avec un noir et blanc très
léché, un faux rythme voulu, pas celui d'un polar
à rebondissements. On y attend plus qu'on n'y agit. Et pour
dire vrai, le récit s'y perd parfois, il y a un peu d'ennui.
Une fois le générique de fin écoulé,
le personnage d'Albertine pose question,
on se renseigne, et on se dit que, peut-être, l'épisode
de sa vie qui est raconté là n'est pas le plus palpitant.
La jeunesse d'une petite fille adoptée par un couple déjà
âgé, qui la révoque par la suite… son
amitié amoureuse avec une autre fille et le hold-up qu'elles
commettent ensemble… son histoire d'amour avec Julien qui
survit à la prison… sa mort tragique conséquence
d'une erreur médicale… toutes ces séquences
de la vie d'une femme qui bouscule les conventions et les règles
établies pourraient elles aussi être à l'origine
de plusieurs films.
Et puis cette adaptation paraît bien sage, trop jolie pour
évoquer un personnage autant hors-normes.