Tout le monde s'accorde à
dire que le meilleur des Astérix au cinéma est celui
de Chabat, grâce à Jamel Debbouze, mais pas seulement.
C'est aussi celui qui prenait le plus de libertés par rapport
à la bande dessinée d'origine, et d'une certaine façon,
était le plus proche de l'esprit de Goscinny. Le troisième,
celui des jeux olympiques, était calamiteux, il y a aussi
un consensus là-dessus.
Ce quatrième opus, savant (ou laborieux...) mélange
d'Astérix et les Normands et du même chez les Bretons,
aura plus de mal à créer une impression générale
partagée par tous. On y trouvera autant de qualités
que de défauts, et vice-versa.
L'action et les situations sont recentrées autour du "couple"
formé par Astérix et Obélix. Et comme c'est
Edouard Baer qui a (très avantageusement) succédé
à Clavier et Cornillac dans le rôle titre, le personnage
est enfin drôle et du coup, Depardieu en Obélix a repris
du poil de la bête (de la bête, c'est le cas de le dire,
il est assez impressionnant, du point de vue de son volume) et y
trouve des nuances, ignorées jusque là. Les seconds
rôles sont très inégaux, L'adolescent joué
par l'agaçant Vincent Lacoste est... agaçant, à
peine drôle dans son personnage-cliché de jeune rebelle
mais pas trop, égocentrique et persifleur. Guillaume Galienne,
en Jolitorax assez fidèle à celui imaginé par
Goscinny, parvient à tenir la distance face aux deux monstres
(Baer et Depardieu) sans jamais nous faire hurler de rire. Valérie
Lemercier et Deneuve sont formidables, mais il n'y a pas, pour elles,
de modèle dans la bande dessinée. Ce sont des créations
des scénaristes. Elles s'en donnent à cœur joie,
sans pour autant nous surprendre. Elles font du Valérie Lemercier
et du Deneuve, ce qui n'est déjà pas si mal. Luchini,
à force sans doute de vouloir être sobre, n'en fait
pas assez. Son César n'est pas assez méchant, pas
assez machiavélique, pas assez mégalo, insuffisamment
splendide, essayant de s'approcher de ce qu'avait fait Chabat avec
le rôle, tout en détachement donc, mais sans vraiment
y parvenir. Par deux fois, il parvient tout de même à
surprendre, sur le divan du psy et dans une savoureuse parodie de
la guerre des étoiles (ça oui, c'est vraiment drôle,
bien vu, 5 secondes de plaisir). Les Normands n'ont que leur brutalité
et leur indélicatesse à offrir (décevant Bouli
Lanners) et bien sûr lorsque l'un d'eux (Dany Boon, méconnaissable)
bascule dans la bienséance, tout est bien trop attendu pour
que cela arrache plus qu'un demi-sourire.
Le récit, comme dans les trois autres, n'a vraiment pas d'intérêt,
on attend alors les bonnes idées créant des situations
décapantes. Elles étaient foisonnantes dans le Chabat,
inexistantes dans celui des jeux olympiques... et dans celui-ci
? ça n'est pas le néant, mais pas l'abondance non
plus. Les meilleures viennent assurément de la bande dessinée,
pas vraiment originales, donc.
Au final, ce qui manque le plus dans ce film gentil et pas désagréable,
c'est le rythme, indispensable à toute bonne comédie.
On s'y traîne, on s'y ennuie presque par moments. Peut-être
ce défaut majeur est-il dû à la nonchalance
(réjouissante) d'Edouard Baer ? On ne peut pas tout avoir...