Arthur Newman n'existe pas. C'est
juste un nom d'emprunt pour que Wallace Avery, qui ne supporte plus
son existence, recommence une nouvelle vie. Qui n'en a pas rêvé,
tout plaquer, famille, boulot, habitudes, position sociale, et changer
tout ? Le récit oscille entre quelque chose de tortueux,
plutôt original dans les détails, et une ligne globale
assez prévisible et au final, très familialement correcte.
Arthur Newman n'existe pas pour plusieurs raisons : d'abord parce
que celui qui voudrait l'être se retrouve démasqué
tout de suite par le personnage féminin, qui se fait appeler
Mike. C'est, dans le scénario, assez intéressant (comment
Wallace qui veut devenir Arthur peut survivre à ce coup du
sort ? d'autant plus que celle qui l'a percé à jour
n'est absolument pas repoussante - c'est Emily Blunt qui s'y colle
-) mais c'est aussi d'une certaine façon tuer le postulat
de départ avant qu'il ne puisse se développer. Et
puis il y a une histoire parallèle, montrant ceux que Wallace
a abandonnés, le fils, la petite amie, la femme dont il a
divorcé… Et cette sorte de contre-récit est
parfois plus séduisante que la cavale des deux personnages
principaux, la remettant ainsi en cause, et ouvrant la possibilité
d'un retour…
Arthur Newman n'existe pas enfin parce qu'il ne parvient finalement
jamais à être différent de ce qu'il était
avant. C'est ce que l'on peut comprendre, sans en être absolument
certain. Mais les seuls pieds de nez à la raison sont apportés
par elle, Mike. Leur relation qui ne prend vie qu'au travers d'autres
couples, c'est une belle idée, mais qui n'est finalement
pas traitée, puisqu'en fin de compte, leurs passés
respectifs pèsent trop lourds.
Il y a quelque chose d'un peu mystérieux dans ce film, d'un
peu mélancolique, d'un peu barré, mais tous ces peu
ne font pas un tout. Arthur Newman n'existe pas et c'est dommage.