Tout le charme du film provient
de la délicatesse avec laquelle cette histoire ambiguë
est racontée. Le récit prend son temps avec un montage
faussement classique et détaille les personnages, révèle
quelques zones d'ombre, ose parfois quelques pointes d'humour et
se métamorphose de façon plutôt subtile en un
conte féministe, pour le moins inattendu. Il y a beaucoup
de douceur apparente dans les échanges entre les personnages,
personne n'élève la voix, les reproches et les rancœurs
ne sont pas esquivés mais ne sont pas envoyés en force.
Pourtant une violence feutrée flotte presque en permanence,
tout semble calme et volupté alors qu'au fond, les personnages
hurlent en silence. Bien sûr, le contexte de l'aristocratie
japonaise est majeur et pourrait faire du film une sorte de documentaire
sur cette caste sociale. Ça l'est, d'une certaine façon,
mais il est aussi fort probable que n'importe quelle femme pourra
s'identifier à l'un des deux personnages féminins
: les carcans sociaux et le désir de s'en affranchir sont
universels.
Un beau film, qui aurait pu jouer encore plus de sa singularité,
qui flirte parfois avec un léger ennui, mais qui laisse au
final une forte impression.