Ariaferma *

Leonardo Di Costanzo

L'histoire

Accrochée aux montagnes sardes, une prison vétuste est en cours de démantèlement quand le transfert de douze détenus est soudainement suspendu pour des questions administratives. Gargiulo, le surveillant le plus expérimenté, est alors chargé de faire fonctionner la prison quelques jours encore, en équipe réduite.


Avec

Toni Servillo, Silvio Orlando, Fabrizio Ferracane, Salvatore Striano, Pietro Giuliano, Leonardo Capuano, Roberto de Francesco, Antonio Buil, Giovanni Vastarella

Sorti

le 16 novembre 2022


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

L'humanité enfermée

 

Une prison comme une scène de théâtre. Des silences, des regards, des luttes de pouvoir, des accès de colère qui trouent le calme apparent. Un bâtiment vétuste mais superbe, froid, presque à l'abandon, vide en grande partie, mais dont le cœur est une place ronde comme une agora ou un espace de jeu, parfois ouvert, parfois fermé, un formidable décor pour ce qui va s'y passer. Deux mondes qui se jaugent, celui des détenus, celui des surveillants, aucun ne veut céder. Il y a les règles de la prison, et la dignité, la fierté. Il y a aussi des choses qui ne se font pas même si ce n'est écrit nulle part. Des transgressions, des arrangements, on cède par pragmatisme d'abord, puis par humanité. La mise en scène, le montage, les effets sonores installent une atmosphère tendue, serrée, où tout pourrait arriver. C'est extrêmement maitrisé et calculé parce que les personnages ne veulent pas, ne peuvent pas lâcher une parcelle de leurs droits, de leurs prérogatives, de leur statut. On devine que l'un d'eux est un caïd, un parrain et que les autres détenus ne font rien sans son accord. On devine aussi que le responsable des surveillants, vieillissant, a ses propres douleurs et que sa droiture et sa rigidité cachent une belle âme. On se doute que tout cela ne peut qu'aboutir à des rapprochements, pas si inattendus que cela, ou à des drames, des événements incontrôlés. C'est un beau film, un diamant sombre et brillant, presque trop maitrisé mais dont les questionnements dépassent largement le cadre seul de la prison.

 

Vos commentaires pour ce film

Que ce film fait du bien ! Il chemine sur un fil. Un fil tendu à l'extrême, entre obscurité et lumière. Il y a du "12 hommes en colère" ou du "7 minuti" là-dedans ; une mise en situation glaciale, des antagonismes, un huis clos et... des fragments d'humanité qui se tissent. Une histoire d'utopie ; ou pas ?

Thierry D. le 21 novembre 2022

 

 

Superbe film, que je regrette (un peu) d’être allée voir seule cet après-midi, alors que tous les troquets, dehors dedans, regorgeaient de monde, à s’époumoner parfois sur le trottoir pour encourager une équipe… dépressive, ai-je entendu.
Tant la musique, qui contribue à la tension, que les images de ce site incroyable suivant le plan panoptique de Bentham (œil omnipotent) font monter une angoisse de l’enfermement et d’une révolte sur le point d’éclater, qui serait sanglante, sans parler d’actes d’auto-agression tout aussi désespérés.
Presque un miracle que ces événements ne se produisent pas en laissant place à un début de partage de la condition d’emprisonné à durée… indéterminée.
L’urgence, la nécessité, la vétusté, la fin d’un monde font naître, à la faveur de deux rencontres, d’autres modalités d’existence, sans jamais tout à fait effacer la méfiance et la peur des uns envers les autres. Comme si des fenêtres s’entrouvraient dans le mur des condamnés que nous sommes ?


Isabelle C, le 18 décembre 2022

 

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