Premier film véritablement
sombre, au sujet grave, des réalisateurs Olivier Ducastel et
Jacques Martineau, cette œuvre reprend un schéma plutôt
classique dans le cinéma français, la grande explication
familiale consécutive à un deuil. On y retrouve quelques
figures habituelles, pour ne pas dire classiques, le patriarche cachant
un secret, le fils n’assumant pas son statut de fils "non
préféré", la petite fille tourmentée
et cherchant à comprendre, la "pièce rapportée"
jouant le rôle de candide avec le recul nécessaire…
Rien de bien neuf, alors ? On pourrait le voir uniquement comme cela,
sauf que le secret n’est pas que familial et l’on comprend
bien sûr que ce couple de réalisateurs se soit penché
sur le sujet. Mais ce qui fait la force du film, c’est une certaine
universalité, le propos dépasse son seul thème,
pour l’étendre à l’acceptation d’une
différence, même (et surtout) lorsqu’elle touche
de près. Ce n’est pas juste un concept, ou une évocation
historique, c’est aussi la façon dont au sein d’une
famille où chacun est différent et a construit sa propre
échelle de valeurs, on parvient (ou non) à entendre
une vérité qui fait vaciller ses certitudes.
Parfois, le récit prend des allures un peu théoriques,
avec des situations et des dialogues attendus, très écrits
et pas toujours ressentis (en particulier pour ce qui concerne le
fils survivant).La musique de Wagner, qui paraîtra splendide
pour les uns, épouvantablement lourde pour d’autres,
mais de toute façon très mal enregistrée (à
moins que ce ne soit la qualité du son de la salle 3 du Rex
de Brive qui soit à mettre en cause…), en rajoute dans
l’aspect fabriqué et peu spontané. Mais de ce
huis clos ressort de fort belles choses, comme ce personnage de jeune
femme qui se cherche et peine à trouver de l’empathie
de la part de ceux qui l’entourent, facilement blessée
et plutôt émouvante. Et finalement, le plus étrange
dans ce film militant, c’est le soin apporté au vieux
couple qui s’est bâti sur un mensonge mais dont on sent
l’immense tendresse partagée. Rien que pour les regards
échangés ou partagés entre Guy Marchand et Françoise
Fabian, on peut supporter tout le reste et se laisser bercer par la
beauté de cette relation qui n’a rien de commun.