Une autre histoire de deuil.
Il y a sept (!) ans, Julie Bertuccelli avait tissé avec pudeur
une drôle de balade autour d’un personnage qui disparaît,
dans "Depuis qu’Otar est parti". Ici, dans les branches
d’un arbre imposant et prenant une place étonnante, elle
raconte comment une famille survit à la mort du père.
Pas de pathos, pas de scènes tire-larmes, et pourtant il y
a beaucoup d’ampleur dans la mise en scène. L’importance
donnée aux éléments naturels, aux paysages, aux
animaux (qui interviennent de façon incongrue et qui donnent
une dimension presque fantastique au film) et bien sûr à
cet arbre inimaginable font de l’ensemble une sorte de conte
où la relation entre les humains et la nature, pas si simple
qu’il n’y paraît, sert de fil conducteur au récit.
L’histoire pourrait sembler naïve, avec des tendances new
age, simplistes, frôlant la lourdeur parfois… mais elle
est portée de bout en bout par une actrice incroyable, dotée
d’une énergie intérieure communicative. Il ne
s’agit pas de Charlotte Gainsbourg (très bien tout de
même !), mais de la petite fille (Morgana Davies), une blonde
minuscule au regard terriblement parlant, qui joue de façon
très naturelle, avec une palette d’expressions plutôt
étonnante chez un enfant-acteur. Douce ou autoritaire, gracieuse
et rêveuse ou terrienne et pleine de bon sens, elle est celle
par qui l’on croit à l’étrangeté
de cet arbre. Il ne faudrait pas qu’elle soit récupérée
par la machine hollywoodienne qui en ferait une enfant-star, à
la manière d’une Dakota Fanning, qui a fini par devenir
insupportable…
Quoi qu’il en soit, par sa présence et son jeu, le film
vit grâce à elle, malgré les quelques outrances
du scénario et tout ce qu’on peut reprocher à
la façon dont Julie Bertuccelli décrit ce deuil et le
repliement des personnages sur eux-mêmes.