L'ambition du réalisateur
était-elle de raconter une tragédie moderne, en tenant
d'expliquer les trajectoires des divers personnages impliqués
? Si c'est le cas, la mise en forme est laborieuse, et lorsque le
drame survient, il peut y avoir une grande indifférence de
la part du spectateur, complètement détaché des
protagonistes.
Ils sont quatre, une mère et sa fille qui se croisent dans
la salle de bain puis ne communiquent plus que par messages sur des
portables, le petit ami de la fille, immature, incapable d'écouter
ce qu'elle voudrait lui dire et incapable aussi de dire ce qui le
cloue au sol. Et puis, relié aux trois autres juste par le
voisinage, le vieil homme dont on ne sait presque rien, sinon qu'il
parle très peu et qu'il aime Mozart.
Chacun subit son lot de soucis et d'humiliations, pourquoi l'un d'entre
eux commet l'irréparable, pourquoi lui et pas les autres ?
C'est le choix du réalisateur et comme ses personnages, il
reste muet sur les raisons de son choix. Rien dans sa mise en scène
ne donne une indication sur ses sentiments vis à vis de ses
créatures. On peut considérer tout cela comme un drame
de l'incommunicabilité mais la sécheresse de l'ensemble
et l'ennui qui se dégage de l'enchaînement des scènes
anodines (elle fait sa valise, elle remplit la machine à laver,
elle s'habille…) n'aident absolument pas à s'attacher
aux personnages. Il y a un aspect théorique, figé, un
peu pénible, une absence de liberté… Des intentions
systématiques, qui donnent peu de sens. On verra les quatre
acteurs nus ou presque, on les verra se déplacer de profil,
on aura droit à un double de toutes les scènes où
ils se rencontrent, sans pour autant apporter un éclairage
très différent…
On sent un petit côté Bresson dans cette histoire racontée
de façon terriblement terne, mais on peine vraiment à
comprendre ce qui a motivé le réalisateur. Y a-t-il
un message ? une envie de choquer ? et les dernières images,
à teneur mystique ou religieuse, que viennent-elles faire là
?