Sous les apparences d’un western plutôt classique, avec
rivalités viriles, indiens décoratifs et paysages sauvages,
voici une histoire qui a de quoi surprendre, et finalement basée
sur une thématique assez contemporaine. Un homme ne vivant
que par son métier, rigide, prévisible, incorruptible,
voit toutes ses certitudes s’écrouler lentement, pour
finalement n’aspirer qu’à une existence familiale
paisible. C’est donc le récit, entre goguenardise et
mélancolie, d’une entrée en préretraite.
Le duo des deux shérifs justiciers, Viggo Mortensen et Ed Harris,
absolument formidables tous les deux, est des plus savoureux, on boit
du petit-lait à voir leur assurance tranquille et leur mutuelle
attention l’un envers l’autre : des personnages à
la Eastwood, l’humour en plus. Celle par qui tout arrive, interprétée
par Renée Zellweger au jeu enfin sobre, pourrait paraître
un peu décevante, loin de la femme fatale, pas exactement non
plus la jeune fille fraîche et innocente, mais plutôt
une sorte de future ménagère de cinquante ans, se rêvant
en femme au foyer, choisissant ses rideaux avec soin, et en réalité
incapable de fidélité, n’assumant absolument pas
sa légèreté et son besoin de liberté.
Le fait qu’elle soit finalement peu intéressante, apporte
encore plus de poids aux hommes qui gravitent autour d’elle.
C’est donc un western à l’apparence classique,
qui ne le serait pas tant que ça, quoique…
