Esthétiquement, c'est magnifique.
Les costumes, les lumières caressant les corps et les visages,
tout cela est un enchantement. Sombre, pesant, terriblement mélancolique,
mais un enchantement tout de même.
Il n'y a pas, à proprement parler, une histoire, une intrigue.
Ce sont des impressions, des rêves, quelques anachronismes (principalement
musicaux) voulus et assumés, des effets de style pour montrer
qu'au fond, l'intérêt n'est pas le récit, mais
l'ambiance.
On pourrait presque faire le parallèle avec la mine…
Les gueules noires avaient la vie dure, terrible, même. Mais
lorsqu'on est en présence de leurs témoignages, c'est
la nostalgie qui prédomine. La maison close broie les êtres,
parfois au sens propre; il y a de la souffrance, de la résignation,
un abandon de ses désirs, de ses espérances, et puis
lorsque plane la menace de la fermeture pour raisons économiques
et morales, c'est le temps des regrets, du désarroi pour ces
femmes qui, si elles l'imaginent, ne réalisent pas qu'elles
pourraient gagner leur vie autrement. Il faut dire que la patronne
(Noémie Lvovsky, vraiment formidable) joue un drôle de
jeu, mère aimante et protectrice, presque bienveillante mais
aussi tyran sans pitié…
Les jeunes femmes n'ont aucune vulgarité, seulement de la sensualité,
une certaine lascivité, avec parfois une peur innocente face
aux réalités, et toutes ont leur caractère, leur
personnalité. Rien n'est vraiment creusé, on ne sait
pas grand-chose de leur passé, ni même de leur présent.
La mise en scène privilégie les impressions, les silences,
les regards, les pauses. On en sort avec de très belles images,
mais avec aussi une certaine frustration liée au manque de
consistance du récit.