C'est un film lessiveuse. On
n'en sort pas indemne, la fin donne une drôle d'impression,
sans doute pas la même pour chaque spectateur.Quelles sont
ces larmes ?
Il y a d'abord un rythme effréné dans cette course,
fuite en avant, chute infinie, accompagnée par une musique
lancinante, entêtante, complètement en accord avec
le récit de cette mise en danger permanente, et c'est déjà
un prodige de faire du quotidien oppressant une épopée
mettant en scène une véritable héroïne.
Femme seule avec ses deux enfants, Julie (Laure Calamy, phénoménale)
tente de ne pas sombrer, elle est à la lisière du
basculement et c'est assez vertigineux, cette possibilité
du vide.
Le film ne tient pas que sur son propre rythme, il fourmille de
détails réalistes, il est crédible en tous
points, tout en laissant beaucoup de questions sans réponses,
et c'est tant mieux. D'où vient cette femme, pourquoi s'est-elle
retrouvée dans un emploi si éloigné de ses
compétences, quelle est la part de mensonges dans ce qu'elle
énonce aux uns et aux autres, d'où vient sa capacité
à repartir à chaque fois...
Pour dire l'aberration et les impasses dans lesquelles nous emmène
le système capitaliste basé sur une croissance sans
fin, il y avait Stéphane Brizé. Dans un tout autre
style, moins frontal mais pas moins efficace, on peut compter sur
Eric Gravel.