Mourir, la belle affaire, chantait
Brel, mais vieillir….
C’est un couple vieillissant que l’on suit pendant une
année, au travers de quatre instants de leur vie, correspondant
aux quatre saisons. Les jeunes sont relégués au second
plan, et c’est suffisamment rare au cinéma pour qu’on
s’y intéresse. Comment ça se passe, l’amour,
l’amitié, la mort, toutes ces choses de la vie, vues
par des sexagénaires qui font leur âge, voire même
plus ?
Au début, c’est ennuyeux. Très ennuyeux. Les conversations
n’ont aucun intérêt, et ces deux-là sont
bien trop heureux pour paraître attirants. Ils font leur petit
jardin, cuisinent, se couchent de bonne heure, reçoivent leurs
amis qui vont très mal. Normal, puisqu’ils sont célibataires.
Même le fils, trente ans, n’a toujours pas trouvé
celui ou celle avec qui la vie sera plus belle. Cette situation (le
vieux couple heureux ouvrant ses portes aux solitaires désespérés)
a quelque chose de tellement convenu, que c’en est parfois insupportable
d’ennui. Surtout que les âmes seules, les pauvres, sont
alcooliques ou dépressives (et même les deux, c’est
encore mieux), pour charger un peu plus le tableau. Puis on se rend
compte que le personnage central n’est pas ce couple bien-pensant,
tolérant, de bon conseil, souriant, à l’aise dans
leurs bottes de jardinage, en un mot : exaspérant. Celle sur
qui l’attention du récit se porte, c’est bien Mary,
l’amie un peu fofolle, qui ne sait pas retenir les hommes, qui
ne parvient pas à prendre les bonnes décisions, envahissante,
se croyant encore jeune, et allant même -ô sacrilège-
à avoir des vues sur le fils. C’est d’ailleurs
pour cela qu’il y a comme une brouille entre elle et le couple…
Ce personnage, caricatural, est tout de même celui qui fait
vivre le film, qui empêche l’endormissement.
La dernière saison, bien plus grave que les trois autres, emporte
l’adhésion. Cette Mary, que le couple a l’indélicatesse
d’appeler Tante Mary pour bien lui signifier sa situation vis
à vis du fils, cette Mary-là finit par être émouvante,
et même complètement déchirante dans une dernière
scène admirablement bien construite, filmée et cadrée,
débarrassée à la toute fin de tout bruit (silencieuse,
oui, c’est bien cela). Il était temps, on peut presque
dire que c’est trop tard, cette vraie mise en scène,
puissante, signifiante, formidablement lourde. Tout ce qui précède
paraît tellement fade, orchestré sans couleurs, sans
idées…
Ce silence final fait un mal terrible, le regard de l’actrice
se perd et l’on ressent enfin quelque chose…