Le réalisateur du film a
probablement vu "21 grammes", du mexicain Inarritu…
il en a gardé l'un des personnages, celui de la femme au passé
mystérieux, qui se voit privée de ses deux raisons de
vivre, son mari et son fils (dans le Inarritu, ce sont deux petites
filles, mais c'est tout comme). Elle est bien sûr très
malheureuse, et comme il s'agit d'un assassinat, elle part sur les
traces du tueur, qui n'a pas été formidablement discret.
Le suspense, si suspense il y a, ne repose pas sur la façon
dont elle va le retrouver, mais sur des données concernant
les personnages qui restent cachées pour les spectateurs. C'est
du coup, un peu facile et lorsque les informations sont livrées,
elles ne créent pas d'émotions puisqu'au contraire elles
mettent à jour les ficelles du récit. Marie-Josée
Croze, dans la peau de la femme meurtrie se lançant de façon
éperdue dans une quête désespérée
sans savoir vraiment à quoi elle va lui servir, est formidable.
De toutes façons, Marie-Josée Croze est, par essence,
formidable. Elle pourrait jouer une tueuse sanguinaire, on la trouverait
quand même sympathique. Son périple est intéressant
socialement, voire politiquement, mais il ne fait pas légende
: on aimerait un peu plus d'onirisme, de poésie ou d'aridité
dans la fuite en avant, ou bien alors ne rien savoir sur le tueur,
et pouvoir ainsi s'identifier à elle, et à elle seule.
Ici, le tueur a toujours un peu d'avance, et le spectateur avec. On
s'en passerait bien, pour rester aux côtés de la femme
qui veut comprendre…