Il s'agit plus d'un témoignage
sur une époque (un an avant la loi Veil), et sur un mouvement
révolutionnaire (les MLAC, mouvement pour la libération
de l'avortement et de la contraception) qu'un véritable objet
de cinéma. Rien de créatif là-dedans, une grande
simplicité de mise en scène, une façon très
linéaire de dérouler l'histoire, des personnages sans
ambiguïté (mais avec beaucoup d'interrogations), un
film qui ressemble parfois à un documentaire, une image qui
rappelle furieusement une certaine laideur des années 70…
Et pourtant, l'émotion est là, des scènes peuvent
même être bouleversantes, et c'est probablement la simplicité
du récit qui emporte le spectateur. Rien de larmoyant, c'est
d'ailleurs lorsqu'un drame survient que l'émotion a tendance
à retomber… Laure Calamy prouve une nouvelle fois sa
capacité à se glisser dans n'importe quel rôle
avec une sincérité confondante. Mais c'est aussi toute
la bande du MLAC que son personnage rencontre qui nous renverse.
Existe-t-il encore maintenant des personnes capables d'un tel engagement,
d'une telle empathie (là, le terme n'est pas galvaudé)
? Et le "discours" final d'Annie rappelle à point
nommé que le droit à l'avortement peut être
remis en cause à tout moment. Au final, un film d'utilité
publique.