Dans la famille "truands à
Melbourne", la grand-mère n'est pas la moins terrible,
elle veille sur son petit monde, ses quatre fils sont violents et
n’ont pas beaucoup de scrupules quand il s’agit de faire
régner leur loi, mais elle les adore. Quand arrive le petit
fils qu’elle connaît à peine, l’enfant presque
adulte de sa fille morte d’une overdose, elle le couve, jusqu’à
ce que toute la famille soit sur le point d’éclater si
l’un d’entre eux se met à parler… Le sujet
pourrait être à l’origine d’une comédie
noire, et c’est finalement une tragédie, portée
par des images superbes, une mise en scène d’une fluidité
caressante et inquiétante, une musique grave, sombre, hypnotisante
(Antony Partos, déjà le compositeur de la très
belle B.O. de Disgrace).
On pourrait voir dans cette chronique de la déchéance
annoncée d’une fratrie meurtrière, une sorte d’allégorie
de l’enfer que peut représenter le carcan familial, un
cauchemar sublime… On pourrait aussi deviner, en filigrane,
une vision désespérée des luttes incessantes
entre deux blocs de haine s’affrontant pour des raisons qu’on
a finalement oubliées, vision transposable en de multiples
pays et des contextes complètement différents.
C’est surtout l’occasion pour le réalisateur de
raconter –et de quelle façon !- une histoire d’amour
et de mort, un engrenage fatal de sombres destinées. Le récit
est implacable, précis, décliné sur un mode lent
et large… oui, cela ressemble à un grand film de gangsters,
et ce malgré le manque de prestance des personnages, qui ont
une proximité étonnante, vivant comme Monsieur tout
le monde, à quelques détails près, bien sûr…