Pas lu le roman de Christine
Angot, et ce sera compliqué, après avoir vu le film
: des personnages ayant pris figure, des émotions fortes…
la lecture en serait parasitée…
Ce pourrait être un Truffaut, avec un surplus d'émotion.
Un faux classique, digne et sobre en apparence, trouble et effroyable
au fond. Il y a presque deux films en un, deux histoires. D'abord
celle de Rachel, qui tombe amoureuse de Philippe, un beau garçon
très cultivé, doux, intelligent, attentionné…
l'homme idéal, mais opposé au mariage. C'est ce qu'il
dit. La vérité, s'il y en a une, n'est pas tout à
fait celle-là. Rachel vit donc sa vie de femme avec ce regret,
cette blessure. Le récit la suit de ses vingt-cinq ans à
sa vieillesse : le travail de maquillage est remarquable, celui
de Virginie Efira aussi, qui reste belle et émouvante d'un
bout à l'autre : un vrai personnage romantique et dramatique.
La deuxième histoire est sombre, insidieuse, secrète,
délibérément cachée dans l'organisation
du récit, elle concerne Chantal, la fille de Rachel, jouée
par plusieurs actrices, de la petite fille jusqu'à la trentenaire.
Chantal, c'est Christine Angot. Forcément agaçante,
et déchirante. Son parcours est ce qu'il est, et c'est mieux
que le futur spectateur n'en sache rien avant de voir le film. La
toute fin donne des clés, sociales ou psychanalytiques selon
la façon dont on les reçoit, ces clés sont
essentielles pour que l'ensemble ne soit pas qu'un enchainement
de faits déclenchant inévitablement l'émotion.
La gorge serrée pendant le générique de fin,
les yeux troubles, mais avec l'impression de ne s'être pas
fait avoir par des effets larmoyants comme dans bon nombre de drames
traitant de l'amour et de ses conséquences destructrices.
