C'est effectivement flou, il
y a pas mal de porosité entre le réel et la fiction
et au final seuls les deux réalisateurs acteurs doivent savoir
ce qui tient du vrai, du fantasme, de l'imaginaire, de l'espéré
ou du redouté. Un peu de tout à la fois, probablement.
Mais là n'est pas le souci. L'humour de Philippe Rebbot est
totalement spontané, le personnage est drôle parce
que le comédien l'est, avec énormément de dérision
sur lui-même et d'ironie rêveuse sur les choses de la
vie. L'humour de Romane Bohringer est en revanche beaucoup moins
évident. Il faut qu'elle aille chercher loin en elle pour
trouver un semblant de drôlerie et encore, elle reste raide
la plupart du temps, à la limite, parfois, du pathétique.
L'alliance des deux ne fonctionne pas, en décalage constant
dans le jeu, dans le naturel (aïe, les exclamations répétitives
et pas du tout crédibles de Romane Bohringer quand elle découvre
les avancées des travaux de l'appartement…), dans le
rapport avec les autres personnages. Il y a des jolies idées,
un procédé original, des outrances bienvenues, un
décalage qui fait parfois son effet mais il y a aussi des
scènes répétitives, des moments sans intérêt,
des passages absurdes. Et puis au final, ces deux-là passent
tout de même pour des donneurs de leçons : regardez
comme c'est bien ce qu'on a réussi à faire, malgré
tous les obstacles… C'est légèrement agaçant.
